Avec Survival : Guna Yala, Christophe Bec nous entraîne au cœur d’une jungle panaméenne où le moindre souffle semble hostile. Ce nouvel opus de l’anthologie dédiée à la survie extrême démarre presque innocemment : la moiteur d’un aéroport mexicain, des passagers irrités, une attente qui s’éternise. Mais derrière cette banalité se cache déjà l’annonce du drame.
Quand l’avion finit par décoller, personne n’imagine que le véritable trajet les mènera droit au chaos. Entre sabotage discret, moustique infecté et vengeance liquide versée dans une canette, le crash se présente comme une ironie du destin dont Bec a le secret : un enchaînement cruel où petites mesquineries et maladresses humaines alimentent la catastrophe.

🌩️ Guna Yala, une forêt splendide… et mortelle
Le décor s’impose avec violence : la jungle de Guna Yala, belle mais irrespirable, splendide mais létale. Serpents, araignées, félins, climat étouffant, groupes armés… chaque pas est un pari contre la mort.
Dans cet enfer végétal, un groupe de survivants disparate tente de s’accrocher à ce qui reste d’humanité :
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une hôtesse devenue meurtrière par vengeance,
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un ex-taulard,
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un boxeur au tempérament explosif,
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des lâches, des cyniques,
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et quelques âmes perdues ballastées entre instinct et panique.
Christophe Bec rejoue ici le théâtre classique de la civilisation qui se délite, où alliances, trahisons et lâchetés deviennent monnaie courante. La survie n’est plus qu’un équilibre précaire entre instinct animal et fragilité morale.
🎬 Une BD qui assume pleinement son héritage “série B”
Comme souvent dans Survival, les codes du cinéma d’action se retrouvent partout :
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tension immédiate,
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rythme sans pause,
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violence sourde,
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personnages taillés pour l’urgence.
Impossible de ne pas penser à Predator, Lost ou Seul au monde — mais sans la portée poétique de ce dernier. Ici, pas de réflexion philosophique, pas d’alibi humaniste : Bec met les êtres humains à nu, brutalement, sans filtre ni espoir de rédemption.
La jungle devient un laboratoire. Les survivants, des cobayes faillibles.
✏️ Un dessin réaliste, sec et efficace
Le trait de Mack Chater est à l’image du récit :
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précis,
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réaliste,
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sans surcharge ni signature appuyée.
Le dessinateur choisit l’efficacité plutôt que la flamboyance, privilégiant la lisibilité et l’immersion visuelle. Un style qui colle parfaitement à une BD qui vise avant tout à faire ressentir la tension, sans se perdre dans l’ornement.
🔥 Un récit sombre où la morale est vite engloutie
La dernière partie de l’album plonge dans une noirceur totale :
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un groupe de narcotrafiquants brûlant vive la femme qu’ils viennent de violer,
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un passager prêt à se laisser mordre par des araignées venimeuses pour un sac rempli de billets,
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l’homme réduit à ce qu’il a de plus cru, de plus primitif.
Ici, la jungle ne transforme pas les survivants : elle révèle ce qu’ils ont toujours été.
🎯 Verdict : une BD sèche, brutale et assumée
Survival : Guna Yala offre exactement ce qu’il promet : un récit de survie sans fard, brutal, nerveux, efficace. Une BD qui ne cherche ni la poésie ni la philosophie, mais la tension, la sueur et la peur viscérale.
Un album qui ravira les amateurs de survie extrême, d’ambiances suffocantes et de récits où l’humain n’est qu’un animal parmi d’autres.
La BD Survival : Guna Yala (Éditions Soleil), est disponible dès maintenant dans toutes les bonnes librairies au prix de 16.50€

