Découvrons un monde singulier, habité par un frère et une sœur formant un duo des plus insolites. Yûma Azawa, lycéen, a une particularité étonnante : il s’excuse continuellement en public, sans motif apparent, si ce n’est pour les frasques de sa petite sœur, Chizumi.
Cette dernière, élève en primaire, adore semer la terreur et accuse Yûma d’avoir pactisé avec un démon pour rendre ses excuses maudites. Cette théorie peut-elle contenir une part de vérité ? Là où ces orphelins apparaissent, des événements étranges surviennent : morts inexplicables, cerveaux fondus, corps dissous.
Avis manga – L’École décomposée de Junji Itō
Junji Ito semble parodier les duos comiques japonais en opposant deux personnages radicalement différents, mais étrangement complémentaires. D’un côté, Yûma est stoïque et développe une tendance masochiste à force de s’excuser de manière humiliante. De l’autre, Chizumi incarne la petite sadique par excellence, brisant le stéréotype de l’enfance innocente, commun dans les œuvres d’horreur. Bien que quelques moments effrayants émaillent le récit, notamment le meurtre très réaliste d’un enfant dans le dernier chapitre, l’ensemble du manga penche vers une farce à l’humour sombre. Cette tonalité est renforcée par des illustrations grotesques, la fameuse fuite des cerveaux, les excuses excessives de Yûma et les gestes possédés de Chizumi.
Junji Ito explore cette recette captivante, mêlant farce grotesque et horreur dérangeante, à travers quatre chapitres dans des cadres variés (école, immeuble, maison isolée) et des idées originales (décomposition de la beauté, soupçons de maltraitance parentale, déclaration d’amour étrange de Chizumi). Le cinquième chapitre offre une conclusion grandiose et ouverte, typique de l’auteur. Cependant, à un certain point, les éléments deviennent répétitifs, avec les deux protagonistes se renvoyant la balle et l’horreur se limitant à la liquéfaction cérébrale et corporelle. L’œuvre évite ainsi de tourner en rond.
Les deux courtes histoires indépendantes à la fin du manga sont anecdotiques, n’exploitant pas pleinement des idées intrigantes et caractéristiques de l’univers d’Ito, en particulier la deuxième histoire où des enfants retournent à la terre en peu de pages.
Bien que « L’école décomposée » ne soit pas le chef-d’œuvre de Junji Ito, elle séduit par son ambiance oscillant entre farce grotesque et horreur dégoûtante, portée par un duo de personnages étranges, voire terrifiants, dans leur genre.
Côté édition, la collection Ito de Mangetsu respecte ses standards : couverture soignée, grand format rigide, excellente qualité de papier et d’impression, traduction impeccable d’Anaïs Koechlin, préface signée Fortifem et analyse pertinente de Morolian.
Le manga L’École décomposée de Junji Itō est disponible dès maintenant dans toutes les bonnes librairies au prix de 19.95€.
