Vampire Knight, une série incontournable de l’univers du manga Panini, a connu une renaissance remarquée avec la publication de Vampire Knight Mémoires durant l’été 2017. Imaginée en 2005 par l’artiste Matsuri Hino, cette œuvre se plonge au cœur d’un thème alors particulièrement en vogue : les vampires.
L’intrigue débute par la rencontre de Yûki, une jeune humaine, sauvée par un vampire lors d’une nuit d’hiver glaciale. Plus tard, devenue adolescente, Yûki intègre l’académie où elle étudie aux côtés de son mystérieux sauveur. En qualité de chargée de discipline, elle œuvre avec son compagnon Zero pour préserver la quiétude de l’école, tout en veillant à ce que le secret de la Night Class ne soit jamais percé.
Vampire Knight se distingue, sans nul doute, comme l’œuvre la plus aboutie de Matsuri Hino. L’univers nocturne qu’elle tisse est d’une richesse éblouissante, et elle s’emploie à déjouer les clichés sur les vampires pour bâtir sa propre mythologie.
Avis manga – Vampire Knight (tome 1)
Au sein de ce monde, elle érige des institutions, établit des règles et met en place une hiérarchie sociale régie par le sang. Bien que le système puisse sembler archaïque, la pureté du sang détermine la place de chaque individu. En sommet de cette hiérarchie trônent les vampires de sang pur, suivis de près par les prestigieuses lignées. Ensuite, on trouve les vampires dont les veines renferment une proportion non négligeable de sang humain. Enfin, les anciens humains, condamnés à sombrer dans la folie un jour ou l’autre, occupent le bas de l’échelle. Les sangs purs et les aristocrates se distinguent par leur noblesse, mais aussi par des pouvoirs écrasants qui semblent empêcher toute révolution.
Dans l’univers de Matsuri Hino, les vampires retrouvent la splendeur et la grâce des légendes d’antan. Ils évoluent dans une société qui reflète leur apparence : belle et glaciale. L’effort consacré à l’établissement d’une base solide pour l’intrigue est indéniable.
Il appartient ensuite à la mangaka de déployer ses personnages dans l’univers qu’elle a tissé. Cependant, les premiers chapitres dépeignent Yûki comme une jeune fille naïve, impuissante et désespérée. Ce genre de personnage peut faire l’affaire pour les débuts d’une histoire, mais l’on pourrait attendre une évolution et un épanouissement de son caractère au fil du temps.
Pourtant, l’évolution de Yûki est tout sauf positive, comme en témoigne notamment l’ellipse présente dans le onzième tome. Au lieu de gagner en profondeur et en maturité, elle devient encore plus effacée, égoïste et désespérée, risquant presque de faire oublier qu’elle est censée être l’héroïne de l’histoire plutôt qu’un simple faire-valoir pour les personnages masculins principaux.
À ce stade, les lecteurs se tournent naturellement vers les rares personnages dignes d’intérêt. En lisant Vampire Knight, il est difficile de ne pas se demander si l’histoire n’est pas plutôt celle de Kaname. Il se distingue par sa complexité et ses contradictions. Ses manipulations, son obsession, son altruisme et ses mystères sont les moteurs de l’intrigue. Dans Vampire Knight, il est le seul personnage imprévisible, même lorsqu’il est physiquement absent, il continue d’influencer les autres personnages.
Bien que Vampire Knight soit étiquetée comme un shôjo, l’histoire revêt un aspect sombre que l’on ne peut ignorer. Certaines scènes sont particulièrement violentes, et l’auteure n’hésite pas à faire couler le sang à flots, même sur les couvertures qui attirent immédiatement le regard. Cette caractéristique est d’autant plus frappante dans l’édition simple, où la couleur domine, mais l’édition double rappelle également ce thème grâce à un titre en rouge vif sur un fond gris.
La relation entre les personnages revêt, d’un certain point de vue, une dimension malsaine. Le lien entre Kaname et Yûki ajoute un élément de drame à l’histoire, mais cela peut troubler certaines lectrices qui avaient fait du brun ténébreux leur favori.
En fin de compte, Vampire Knight demeure avant tout l’histoire d’un triangle amoureux, une disposition classique qui, bien que dans un contexte de vampires, ne se démarque peut-être pas autant que l’on pourrait l’espérer.
L’auteure explore avec talent les hésitations et les incertitudes de Yûki, auxquelles les adolescentes peuvent aisément s’identifier. Elle doute de ses sentiments pendant une grande partie de l’histoire, laissant aux lectrices le loisir de faire leur propre choix. Cependant, une fois sa décision prise, une partie des lectrices critiquera inévitablement l’héroïne et ressentira de la sympathie pour le prétendant déchu. Au début, l’intérêt pour ces trois personnages est bien présent.
Malheureusement, au fur et à mesure que l’histoire progresse, elle perd de son charme. Les nombreux rebondissements finissent par éroder la patience de nombreux lecteurs. L’univers si soigneusement construit s’efface au profit de la romance.
Dans sa dernière partie, la série souffre de problèmes de rythme. Certaines conclusions sont précipitées, tandis que certains passages s’étirent en longueur. La fin de Vampire Knight laisse un goût amer, car elle aurait mérité quelques chapitres de plus.
Cependant, malgré ces défauts, Vampire Knight demeure une série qui mérite d’être explorée, du moins pour son premier arc. Même si les arcs suivants ne sont pas à la hauteur du début, on prend plaisir à voir l’évolution du style graphique de la mangaka.
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