Quel plaisir de retrouver Kazuhiro Fujita dans une nouvelle aventure captivante ! Cet auteur, toujours aussi talentueux, nous enchante avec des récits passionnants. Actuellement au cœur de l’actualité en France avec la réédition remarquable de Karakuri Circus et l’arrivée imminente de Sou Bou Tei, Fujita revient chez Ki-oon avec une série courte de 6 tomes qui s’inscrit dans la collection Black Museum.
Avis manga – Crescent Moon – Dance with the Monster (tome 1)
Le Black Museum, un lieu réel et mystérieux, archivant des affaires non résolues exclusivement accessibles à Scotland Yard, sert de cadre à l’imagination débordante de l’auteur. Il mélange habilement réalité et fantaisie pour créer sa version de légendes urbaines, liant ainsi ses différentes histoires au cours de l’ère Victorienne.
Après Spingald, contant la légende de « Jack talons à ressorts« , et « Ghost and Lady« , exposant la rencontre entre un fantôme et Florence Nightingale, le Black Museum nous offre un troisième récit. Cette fois-ci, l’éminent auteur Mary Shelley, créatrice du célèbre « Frankenstein« , prend la scène dans une histoire fascinante.
Mary Shelley, visiteuse prestigieuse du Black Museum, s’intéresse à une mystérieuse bottine rouge. L’histoire tragique de cette bottine, que même la gardienne du musée ignore, la transporte dans le passé, à l’époque où le personnage de son roman la hantait encore. Elle se retrouve impliquée dans une affaire étrange où l’armée lui demande de s’occuper d’une créature étrange. Avec le corps d’une tueuse et la tête d’une fermière, la créature, baptisée Elcy, possède des réflexes impressionnants mais l’intellect d’un enfant. Mary Shelley prend la responsabilité de guider cette créature hors normes.
Ce troisième récit du Black Museum, bien que différent des légendes urbaines anglaises habituelles, mélange deux histoires tout en les interprétant de manière novatrice. L’influence principale est celle de « Frankenstein », avec une mise en avant remarquable de Mary Shelley. On y trouve également des nuances du conte d’Andersen, « Les chaussons rouges« , avec une tueuse portant des souliers rouges, évoquant la danse macabre et l’amputation.
L’aspect le plus surprenant de cette histoire réside dans son approche féministe. Fujita, en mettant en scène des femmes fortes, souligne la mauvaise considération des femmes à l’époque victorienne. Mary Shelley, en tant que romancière, est confrontée au mépris des hommes de pouvoir, illustrant les défis auxquels les femmes étaient confrontées pour être reconnues dans la société de l’époque.
Fujita nous offre un récit captivant et inattendu, où l’initiation d’Elcy aux côtés de Mary Shelley promet des développements intrigants. Bien que le premier tome puisse sembler progresser lentement en raison de l’introduction approfondie du contexte et des personnages, le talent de mise en scène et de narration de Fujita demeure exceptionnel.
L’édition de Ki-oon, fidèle à son excellence habituelle, offre un bel écrin à cette histoire. Malgré un manque d’émotion perçu dans ce premier tome, la qualité indéniable de l’auteur laisse présager des développements riches et captivants dans la suite de cette série liée au Black Museum. Faisons confiance à Fujita pour nous offrir une expérience mémorable, comme il l’a si brillamment fait tout au long de sa carrière.
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