Nous entamons cette critique en mettant en avant la remarquable qualité de l’édition de Fragments d’Horreur, signée par Junji Ito lui-même. Le choix du papier est véritablement excellent, alliant épaisseur et mise en valeur du style unique du mangaka.
Cela se révèle particulièrement frappant lors des scènes horrifiques, où le contraste marqué entre le noir et le blanc est absolument essentiel. La couverture cartonnée est une véritable œuvre d’art, reprenant le célèbre tableau « Le Cri » du peintre norvégien Münch, agrémentée de fragments de pages du manga sur un fond dégradé rose, rappelant subtilement la couleur de la peau. Le travail accompli par Mangetsu, responsable de la conception, est véritablement exceptionnel et ne saurait faire l’objet d’aucune critique.
Avis manga – Fragments d’Horreur de Junji Ito
Nous vous présentons aujourd’hui Fragments d’Horreur, qui incarne véritablement l’essence même de Junji Ito. Nous retrouvons dans cet ouvrage l’atmosphère singulière qui confère tout son charme à l’œuvre du maître. Les concepts, parfois anodins, parfois absurdes, sont poussés à leur paroxysme pour devenir terrifiants.
Au travers de ces différents fragments, Junji Ito dresse un panorama complet de nos cauchemars. Chacune des huit histoires possède son propre rythme, ce qui constitue un aspect que nous avons grandement apprécié. Toutefois, il est regrettable de constater que les conclusions de ces récits peuvent parfois décevoir, voire frustrer.
Sur le plan graphique, Fragments d’Horreur nous a légèrement moins convaincus que nos précédentes lectures. Nous avons eu l’impression que l’artiste ne maîtrisait plus totalement son trait, peut-être en raison d’un passage au numérique. Les détails sont moins présents, moins précis. Néanmoins, les qualités propres à Junji Ito sont toujours perceptibles. Les designs des personnages sont très réussis, sans tomber dans l’hypersexualisation. Les compositions restent intéressantes, et nous retrouvons ces pleines pages à couper le souffle. De plus, la mise en page est soigneusement étudiée, contribuant à créer une atmosphère d’horreur.
Fragments d’Horreur porte admirablement bien son titre. Junji Ito nous propose une réinterprétation complète de l’horreur, en explorant divers sous-genres tels que le body-horror, l’horreur psychologique, l’absurde et même les histoires de fantômes. Toutefois, l’ensemble nous a paru légèrement fade et parfois maladroit, comme si l’auteur manquait d’assurance quant au ton à adopter. Surréaliste ? Caustique ? Ironique ? C’est dommage. La nouvelle qui réussit le mieux dans ce domaine, bien que l’histoire soit convenue, est « La Chuchoteuse ».
Ces fragments d’horreur, aussi variés soient-ils, sont néanmoins liés par des thèmes communs. Le plus évident est celui de la puissance féminine. Certains pourraient y voir une misogynie, car la femme est présentée comme un monstre. Toutefois, nous pensons que cela va au-delà de cette interprétation. Dans les différents récits, Junji Ito oppose ces femmes fortes, séductrices et dangereuses à des hommes lâches et volages. Ces derniers ne sont en aucun cas des victimes ! Néanmoins, nous reconnaissons que le traitement de certains aspects est assez maladroit, notamment en ce qui concerne la transidentité dans « Magami Nanakuse ».
Le manga – Fragments d’Horreur de Junji Ito est disponible dès maintenant dans toutes les bonnes librairies au prix de 19.95€