Après deux tomes fascinants, « Le Fils de Taïwan » revient chez les éditions Kana avec un troisième volume qui ne décevra pas les lecteurs. Kunlin, injustement emprisonné pendant dix ans sur l’île Verte pour sa participation à un club de lecture de son lycée, tente maintenant de se reconstruire dans un Taïwan sous la coupe de la dictature. Dans ce climat politique tendu, il cherche à renouer avec sa famille, notamment son amour de jeunesse, et à trouver un emploi. Cependant, sa réintégration dans la société se heurte aux préjugés liés à son passé carcéral, malgré sa grande érudition, notamment en anglais. Les autorités locales continuent également de le harceler, accentuant sa vulnérabilité.
Pourtant, Kunlin reste ambitieux, et le troisième tome de la série couvre la période de 1961 à 1969. Au cours de cette décennie cruciale, il s’efforce de se lancer dans l’éducation et dans le manhua, le terme chinois pour la bande dessinée. De plus, il joue un rôle essentiel dans l’équipe espoirs de baseball Hongye.
Avis manga – Le fils de Taïwan (tome 3)
Ce nouvel opus se révèle captivant, permettant aux lecteurs de s’immerger pleinement dans l’intrigue. Le contexte politique est méticuleusement expliqué, tout comme l’utilisation des différentes langues (taïwanais, japonais, mandarin) dans le récit. Une introduction détaillée au multilinguisme est fournie en début de tome pour aider les lecteurs à s’y retrouver. De plus, l’aspect historique est soigneusement exploré, apportant une perspective peu connue de l’histoire.
Néanmoins, au-delà du contexte politique et historique, le récit demeure profondément humain. Les lecteurs partagent les joies et les peines de Kunlin, ses triomphes et ses échecs, ainsi que sa relation complexe avec sa femme. L’ambiance est parfois pesante, car Kunlin s’implique souvent dans des situations difficiles pour aider ses amis, au détriment de sa vie de famille. Il est généreux de nature, toujours reconnaissant envers ceux qui lui ont tendu la main, même si cela peut lui nuire.
Ce troisième tome de « Le Fils de Taïwan » est tout aussi prenant que les précédents, regorgeant d’informations et offrant une narration captivante. Les visuels continuent d’être originaux, avec une palette de couleurs limitée, principalement le jaune, et certaines grandes illustrations sont tout simplement sublimes. La qualité de l’ouvrage est indéniable, laissant les lecteurs impatients de découvrir le quatrième et dernier tome.
Les tomes 1 à 3 du manhua Le fils de Taïwan sont disponibles dès maintenant dans toutes les bonnes librairies au prix de 18.50€
Résumé : Après sa libération de l’île Verte, Kunlin travaille comme traducteur et éditeur de manhuas, participant à l’essor de la bande dessinée taïwanaise jusqu’à son sommet. En 1966, il crée le magazine de jeunesse Prince afin d’aider les jeunes dessinateurs mis au chômage en raison de la censure qui frappe les bandes dessinées. Le fils de Taïwan est un manhua biographique qui raconte la vie de Kunlin Tsai, acteur de l’ombre derrière la légende de l’équipe espoirs de baseball Hongye, fondateur du magazine Prince et victime d’oppression politique. Ce troisième tome couvre les années 1961 à 1969. Les empreintes de sa vie sont des reflets du Taïwan moderne : malgré des nuits lugubres, des lueurs persistent ; malgré de terribles épreuves, on est toujours empli de forces.