Avez-vous des difficultés financières et êtes-vous incapable d’obtenir un prêt auprès des organismes de crédit traditionnels ? Si tel est le cas, Ushijima, l’usurier de renom, serait ravi de vous compter parmi ses nombreux clients. Il vient d’ailleurs de recruter un nouvel employé qu’il forme aux rudiments du métier. Malgré les taux prohibitifs qu’il pratique, vous êtes prêt à tout pour obtenir de l’argent ? Alors vous êtes au bon endroit pour entrer dans la spirale de l’insolvabilité. N’hésitez pas à emprunter au-delà de vos limites, car pour Ushijima, l’argent n’a pas d’odeur. Il vous souhaitera même adieu une fois qu’il vous aura dépouillé de tout ce que vous avez.
Les yamikins, ces prêteurs-sur-gages qui opèrent dans les bas-fonds de la société nippone, n’ont pas de scrupules. Ushijima, le personnage principal, est sans pitié et n’a aucun charme. Il attire sa victime avec un cynisme écoeurant et un machiavélisme effrayant, jusqu’à la conduire au point de non-retour et l’exploiter sans merci. Ici-bas, ceux qui souffrent de problèmes d’argent sont légion. Qu’il s’agisse de joueurs compulsifs, d’acheteurs invétérés ou simplement de personnes qui vivent au-dessus de leurs moyens, tous se retrouvent pris dans le cercle vicieux de l’endettement. La spoliation est systématique et méthodique, allant jusqu’à leur enlever toute dignité.
Avis manga – Ushijima, l’usurier de l’ombre (tome 1)
Le lecteur suit les pas de Takeda, le nouveau venu, et découvre les coulisses de cette profession obscure. Il pénètre ainsi dans l’univers de la misère humaine, où chaque porte ouverte révèle une destinée plus tragique que la précédente.
Shôhei Manabe dresse ainsi le portrait d’une société de consommation en déclin, gangrénée par une dépendance cruelle à l’argent, où la réussite sociale et le respect de la hiérarchie sont les maîtres mots. Le monde décrit par l’auteur est sombre, très sombre, où les yakuzas font la loi et où l’argent fait défaut. Dans ce monde, le soleil ne brille que très rarement. L’ambiance est résolument noire, les scènes souvent dérangeantes, et le réalisme glaçant des horreurs écrites par Shôhei Manabe mettent le lecteur mal à l’aise.
Le style graphique n’est pas conçu pour plaire, mais pour renforcer cette atmosphère malsaine et salace. Si le personnage principal est intrigant, voire charismatique, ses victimes portent leur désespoir sur leur visage. Les images choquantes ne conviennent pas à tous les publics, et ce seinen est donc réservé à un public averti. Le réalisme brut des scènes et la représentation graphique de la violence, aussi bien physique que psychologique, sont saisissants et peuvent heurter la sensibilité de certaines personnes. Mais c’est justement cette brutalité qui permet à l’auteur de faire passer son message avec force et de nous sensibiliser sur les dangers de l’endettement excessif et de la dépendance à l’argent.
En conclusion, « Ushijima, l’usurier de l’ombre » est un manga poignant et dérangeant qui nous plonge dans les recoins les plus sombres de la société japonaise. Shôhei Manabe nous offre une réflexion profonde sur la condition humaine et les ravages de la société de consommation, à travers le portrait glaçant d’un monde où l’argent est roi et où les plus faibles sont impitoyablement exploités. C’est un témoignage brut et nécessaire sur les dangers de l’endettement et les pièges tendus par les usuriers, qui devrait être lu par tous ceux qui souhaitent comprendre les mécanismes de la pauvreté et de l’exclusion sociale.
Les tomes 1 à 46 du manga Ushijima, l’usurier de l’ombre sont disponibles dès maintenant dans toutes les bonnes librairies au prix de 7.55€