Jetons en bois, pièces en plastique, monnaie papier ou métal, c’est le genre de choix que l’on doit se poser lors de la création d’un jeu. Est-ce que ce qui motive les choix se base sur un prix, le style ou l’usage ? Quelle déception quand on déballe un jeu et que l’on voit des pièces de mauvaise facture, illisibles ou qui se dégraderont vite. Pimper un jeu pour palier un manque ne devrait pas être autre chose qu’une « amélioration plaisir ». D’un autre côté, découvrir des pièces super travaillées, coupées au laser ou peintes, mais qui n’ont pas d’usage réel dans le jeu (marqueur premier joueur, compte tour), tandis que les jetons de jeux direct sont fades, on peut se demander si c’est bien utile ?
Bitoku est le dernier jeu de German P. Millan (auteur du peu connu Kingdom Defender qui a gagné quelques prix espagnols), édité par Devir Games en VO, tandis que IELLO s’occupera en 2022 de la localisation française. Edu Valls signe les illustrations nombreuses du jeu dans un style féérique japonais.
Dans Bitoku, vous êtes les possibles successeurs du Grand cerf (dont la pièce compte tour est superbe), qui, depuis sa maison au centre de la forêt, regarde par la fenêtre pour vous évaluer. Chaque joueur représente un type d’animal et disposera de 5 manches pour convaincre le grand patron de le choisir comme héritier.
Pour y arriver, on dispose d’une main de 5 cartes représentant autant d’animaux, chacun avec une action spécifique. Le plateau joueur contient 3 dés (aux valeurs 1-2-3) en position bloqué au début de chaque manche. Il faudra les libérer pour les utiliser en jeu.
A son tour, le joueur réalise une action à choisir entre :
• Poser une carte de la main : Il y a 3 places possibles sur le plateau du joueur, chacune associée à un dé que l’on libèrera. La carte posée est associée à une action que l’on réalise immédiatement.
• Poser un dé libéré : Placé sur le plateau de jeu, le dé activera une action de zone (fixe à chaque partie) et éventuellement une action de bâtiment (variable sur les parties), mais seulement si le dé a une valeur supérieure ou égale à l’action. Il faudra aussi une valeur supérieure ou égale à tout dé déjà placé dans la zone pour s’y rendre.
• Traverser la rivière : Un dé déjà posé peut perdre 1 (ou 3) points de valeur pour se placer par-delà la rivière et activer une des 3 actions présentes (ou ce qu’il en reste).
• Passer
Ce qui est bien, c’est qu’arrivé à ce point des explications des règles tout le monde a suivi et trouve cela assez simple et rapide. De fait, dans l’esprit, Bitoku est simple… mais pas si rapide, car on n’en est (à peine) qu’à la moitié des règles niveau explications ! Et s’ensuit le détail de touts les icônes du jeu (en tout petit partout sur les tuiles, les cartes, … votre ophtalmo a dû valider le proto en s’assurant de gagner des clients).
En fin de partie, on aura une multitude de PV selon des voies diverses : es rochers, les cartes Bitoku, pistes de Lac, ressources, ordre du tour, objectifs personnels et PV visibles du plateau personnel. Comme vous le voyez, cela ne manque pas de manières de scorer. C’est un peu une obligation d’aller dans tous les sens dans votre partie, car les cartes et les autres joueurs vous y forcent, monomaniaques s’abstenir.
Le jeu va être un suivi d’action activant des bonus en cascade, avec une course au positionnement pour ses dés et ses pèlerins, afin de bloquer les autres et passer en premier la rivière. C’est bourré de plein de trucs malins, comme le fait de piocher systématiquement deux cartes et d’en choisir une, limitant le facteur chance du tirage. Les actions de blocage sont super avec l’usage de tuiles pour augmenter la valeur des dés (bien veiller à en avoir pour ne pas se retrouver bloqué) et embêter ceux qui voudraient vous suivre, les obligeant à temporiser jusqu’à ce que votre dé libère la place et traverse la rivière.
Bitoku donne un peu l’impression d’un Lacerda Like, avec son paquet de micro-règles tout en faisant la promesse d’une immersion dans un thème fort, dans les bois magiques du japon. Sauf que l’immersion est restée bloquée au superbe cerf compte-tour. Les autres pions des joueurs sont certes découpés, mais ne représentent pas grand-chose et on aurait pu faire une belle économie d’une découpe laser avec des meeple standard. Le jeu ne vous fais pas plus renter dans la forêt, mais offre une belle mécanique de bonus multiple.
Bien qu’il soit possible de jouer à 2 sans Bot, le jeu perd alors en saveur et en gestion du blocage. Préférez-le à 4 joueurs, 3 étant correct tout en sacrifiant une part d’interaction pour gagner un brin de rapidité.