Après avoir semé le chaos dans Nemesis Reloaded et marqué les esprits dans Big Game, Nemesis, le plus dangereux sociopathe de la planète, revient avec un projet encore plus tordu : se trouver un successeur. Oui, tu as bien lu. Dans Rogues’ Gallery, il ne cherche plus à tuer pour tuer… il veut transmettre. Enfin, à sa manière.
Mark Millar, fidèle à lui-même, ne perd pas de temps avec la nuance : dès les premières pages, on est plongé dans un bain de sang, d’humour noir et de sadisme organisé. Et pourtant, l’idée d’un sidekick du mal rend ce tome plus dérangeant que jamais.
🔪 Un mentorat version serial killer
Dans ce récit, Nemesis, brisé physiquement, mais pas mentalement, décide de faire école. Il repère un jeune paumé, qu’il façonne à son image : brutal, impitoyable, détaché de toute morale. Une sorte de Dark Robin sous stéroïdes. C’est aussi grotesque que glaçant, et c’est bien ce qui rend ce comics si captivant.
Là où la plupart des récits de super-héros cherchent la rédemption ou la justice, Millar nous offre une initiation à la cruauté, menée tambour battant. Le scénario est volontairement excessif, les dialogues acides, et les rebondissements délicieusement amoraux.
🎨 Un graphisme coup-de-poing signé Giangiordano
Valerio Giangiordano met tout son talent dans les planches, avec un trait nerveux, sale et hyper expressif. Son style colle parfaitement à la violence sèche du récit. Les scènes d’action sont viscérales, les expressions faciales cinglantes, et les décors suintent le vice.
Ce n’est pas beau au sens classique du terme, mais c’est puissant, radical, et immédiatement immersif. Chaque page transpire la tension, comme si le lecteur lui-même pouvait être la prochaine victime.
😈 Un comics qui renverse les codes
En inversant les archétypes classiques du super-héros et de son apprenti, Nemesis: Rogues’ Gallery propose un jeu de miroir tordu et jouissif. Pas de morale, pas d’espoir, juste une montée en puissance sanglante.
Et c’est là toute la force du Millarworld : provoquer, choquer et divertir, sans jamais s’excuser. Même si certains pourront trouver l’ensemble trop caricatural ou « gratuit », le propos est limpide : et si le mal décidait de se perpétuer comme un art martial ?
📚 Une édition à ne pas manquer
Publié chez Panini Comics dans un joli cartonné de 136 pages, l’album regroupe les épisodes US Nemesis: Rogues’ Gallery #1-5, inédits en France. Disponible depuis juin 2025 au prix de 19 €, il s’adresse autant aux fans de Nemesis Reloaded qu’aux lecteurs curieux de découvrir l’un des méchants les plus charismatiques du comic game.
👉 Pour prolonger l’expérience, il est recommandé de (re)lire Big Game et The Ambassadors, autres pièces maîtresses de l’univers Netflix/Millarworld.
✅ Verdict : un plaisir coupable… assumé
Nemesis: Rogues’ Gallery, c’est du pur Millar : excessif, malin, provocant, et surtout, diablement efficace. Entre satire des comics classiques et descente aux enfers stylisée, ce tome se lit d’une traite. On en ressort choqué, amusé, parfois un peu coupable… mais conquis.