Les lecteurs de longue date des romances lycéennes recherchent souvent des récits originaux. Yûko Inari se distingue par sa capacité à offrir cette touche d’originalité dans chacune de ses créations. Après avoir exploré l’amitié amoureuse à travers un triangle amoureux MxM, l’auteure introduit cette fois-ci un triangle amoureux avec comme point de départ l’amnésie de l’héroïne.
Avis manga – Qui suis-je pour t’aimer ? (tome 1)
La série précédente de Yûko Inari, « 10th », avait déjà captivé mon intérêt, et je pressens que « Qui suis-je pour t’aimer ? » ne fera pas exception. Tout comme sa série précédente, celle-ci sera concise : 3 tomes au Japon. Cependant, l’auteure a manifestement évolué.
Son style graphique s’est affiné, éliminant les maladresses éparses de ses premières œuvres. Elle parvient à insuffler une émotion captivante à travers sa narration, ajoutant une touche de mystère bienvenue. Son habileté à rythmer le récit pour maintenir l’attention du lecteur s’est améliorée, une qualité déjà amorcée dans ses précédents ouvrages.
Le premier chapitre semble initier une romance lycéenne ordinaire, mettant en scène une héroïne questionnant la frontière entre amitié et amour, étant très proche de son ami d’enfance, Tôma. Cependant, l’arrivée d’un nouvel élève plutôt réservé dans leur classe va bousculer ses émotions de manière inattendue, remettant en question sa compréhension de l’amour, qu’elle pensait être une construction patiente. La révélation majeure survient à la fin de ce chapitre : l’héroïne est amnésique depuis un accident survenu il y a six ans, lui faisant oublier les onze premières années de sa vie, incluant potentiellement l’existence de ce nouvel élève, Shun.
L’auteure a réussi à construire son récit de façon à entretenir le mystère et à introduire des révélations captivantes. Le mélange entre une romance lycéenne classique, la perte de mémoire, un accident et même un possible élément criminel est astucieux. Cette combinaison confère au récit une atmosphère rassurante, stressante et captivante simultanément. L’inquiétude quant aux secrets entourant Honatsu tout en exprimant sa volonté de s’affranchir de cette surprotection est habilement maîtrisée et équilibrée dans le récit.
Les personnages sont également bien développés. L’héroïne pourrait sembler correspondre au cliché des anciennes protagonistes de shojo avec son côté rêveur, entourée de l’affection protectrice de Tôma. Cependant, son désir d’indépendance et sa volonté de briser ce schéma préétabli la rendent attachante. Ses interrogations ouvertes sur la nature de sa relation avec Tôma, discutées aussi bien avec son amie Akine qu’avec Tôma lui-même, sont touchantes. Tôma, de son côté, se montre franc, exprimant ses perturbations émotionnelles et ses désirs.
Néanmoins, son côté surprotecteur et dissimulateur peut altérer cette dynamique. Quant à l’autre protagoniste masculin, Shun, pour l’instant, sa personnalité clichée de brun ténébreux et taiseux, bien qu’orientée vers la protection d’Honatsu, laisse un sentiment de déjà-vu et pourrait bénéficier d’un développement plus original.
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