AccueilGEEKComicsMagnéto Le Testament - Une œuvre splendide et magistrale

Magnéto Le Testament – Une œuvre splendide et magistrale

Le monde entier connaît Magnéto, le maître du magnétisme, militant radical pour les droits des mutants et souvent ennemi de l’humanité. Mais en 1935, Max Eisenhardt est un écolier juif dans l’Allemagne nazie qui va devoir lutter pour survivre face à la machine de la « solution finale » d’Hitler.

Magnéto Le Testament – Chronique comics

Magneto est l’un des personnages les plus passionnants du l’univers Marvel. Ni bon, ni tout à fait mauvais, sa présence dans les Xmen induit souvent des combats aussi physique qu’idéologiques. Lorsqu’il apparaît pour la première fois chez les Xmen, Magneto est le stéréotype du vilain qui n’est là que pour s’opposer aux bons : impitoyable, veule, menteur, manipulateur.

Il faudra attendre une quinzaine d’années pour que Chris Claremont le recréateur des X-men tel qu’on les connait et que l’on aime, remodèle entièrement le personnage. C’est ainsi qu’au cours d’un combat somme toute routinier contre les hommes de Xavier, il est sur le point de tuer Kitty Pryde, l’adorable benjamine de 13 ans et juive de surcroît.

Il s’agit à mon sens de la plus belle scène des X-men sous l’ère Claremont: Magnéto, d’habitude si arrogant fond en larmes, en proie à un syndrome post traumatique et craque durant un combat : du jamais vu ! Impuissant aux pieds d’une Tornade prête à l’exécuter, il confie être un rescapé de la Shoah et que la haine éprouvé envers ses bourreaux se répercute surs ses choix idéologiques. Traumatisé par le fait qu’une race ait pu disparaître à cause de la haine, il jure de protéger les mutants afin d’éviter que ne se reproduise le massacre.

Si ces intentions sont nobles, les méthodes radicales du Maître du Magnétisme en choquera plus d’un. Lui même admettra en s’attaquant à une enfant être devenu ce qu’il s’est juré de combattre : un despote raciste pas si différent d’Hitler.

En plus d’une réflexion passionnante induisant que les victimes peuvent devenir des bourreaux, Claremont invente progressivement un passé à ce personnage nouveau après 20 d’existence: Magneto a vu toute sa famille exterminée à Auschwitz, il en est un des rares survivants avec Magda la femme qu’il a sauvé.

De retour à la vie civile, des militants communistes le persécutent et causent accidentellement la mort de sa petite fille. Fou de douleur, Le jeune Magneto cède à la rage qui l’habite en déployant pour la première fois ses pouvoirs.

Terrorisée par cet homme qu’elle pensait aimer, Magda abandonne un Magneto désemparé qui rencontre en Israël un jeune Thérapeute idéaliste : un certain Charles Xavier…

Claremont que l’on a jamais assez remercié pour les aventures des Xmen qui nous ont tant fait rêver, fait rentrer la Shoah dans les Comics Books. Son choix de transformer un vilain d’operette en une victime de l’histoire qui se révolte est une une étape majeure de l’évolution du Comic Book que l’on oublie souvent.

Magnéto : Testament raconte l’histoire du jeune Magnéto en détail, ce qui n’avait jamais été fait. Question de maturité ? Le Comics code en vigueur jusqu’en 2000 empêchait il la représentation des chambres à Gaz en format comics ? Manque de courage artistique ?

Toujours est il, qu’avec ce comics proposé par Panini Comics absolument magnifique, Marvel frappe un grand coup et prouve que le Comics Books n’est pas seulement un vecteur de combat titanesques pour adolescent attardé, Spiegelmann avec Mauss et Joe Kubert avec Yossel ont prouvé que le comics pouvait s’accorder avec l’Histoire.

Attention ! Ici les pouvoirs de Magneto ne sont pas encore apparus . Qu’on ne s’attende pas à de l’Inglorious Basterds où l’on fait voler les Nazis !

Le projet, mené de main de maitre par Greg Pak est de se servir du seul personnage de BD Américaine ayant connu ces atrocités pour raconter aux jeunes générations le carnage Nazi.

Max est donc un jeune juif d’une dizaine d’années au moment des premières lois raciales. On y suit ses premières humiliations, son histoire d’amour tragique avec Magda, une jeune Gitane, puis de fil en aiguille, les réquisitions, l’étoile jaune, la traque des commandos de la mort et la déportation.

La dernière partie de Testament se situe donc à Auschwitz où le jeune Max est un homme par la force des choses et devient « Sonderkommando » , c’est à dire un prisonnier afféré aux taches jeter les corps de ses frères dans les fours crématoires …

Voilà, c’est terrible, c’est dur, c’est réaliste, c’est audacieux pour une industrie qui a tendance à ressusciter ses morts dès que les ventes chutent, on en ressort KO et les dessins sont bouleversants.

Plus qu’un background sur un personnage, Testament est une splendide œuvre, courte, mais terriblement efficace, proposé aujourd’hui par Panini Comics dans un format Grand Size superbe pour rendre hommage à ce récit incroyable au prix de 28€.

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