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Avis manga – Treize Nuits de Vengeance (tome 1)

Immergeons-nous dans le récit d’Oïwa, une femme promise à un homme bien placé, qui déambule une nuit. Au détour de son chemin, elle suit la lueur d’une luciole, cette lueur mystérieuse la guidant inexorablement vers le cadavre de son propre père. Elle est bientôt rejointe par un rônin désargenté, épris d’elle. Il la contraint à rompre ses fiançailles et à vivre à ses côtés, le tout sous le regard impassible d’un mystérieux masseur aveugle.

Avis manga – Treize Nuits de Vengeance (tome 1)

En parallèle, Okise est l’épouse de Shigenobu Hishikawa, un artiste spécialisé dans les représentations d’oiseaux. Ils ont un fils, Mayotarô. Laissée de côté depuis trop longtemps, Okise ne trouve plus de réconfort que dans les succions de son fils à son sein. Cependant, un chasseur de passage aperçoit un jour sa poitrine et cette vision ne le quitte plus.

Enfin, il y a Onami, une gozé, une femme itinérante aveugle gagnant sa vie grâce à la musique. Elle est l’amante de Shinsuke, le fils du chef des pêcheurs, qui lui promet de placer leur amour au-dessus de tout. Cependant, le conseil du village désapprouve fortement cette relation.

Ces trois histoires ne semblent pas liées, à première vue, si ce n’est par un thème commun : l’entrelacement unique de l’amour et de la vengeance. L’amour et la haine se révèlent être deux facettes d’une même pièce, et une simple trahison peut suffire à faire basculer cette dynamique. Cependant, dans l’obscurité de la haine et de la mort, une autre dimension s’ouvre, laissant place à un monde où l’indicible et le macabre prédominent.

Kazuo Kamimura nous offre ici une œuvre directement sortie de l’année 1976. Ce recueil regroupe trois histoires principales, un court chapitre visuel, et un texte explicatif de Maria Teresa Orsi. En moins de 500 pages, nous plongeons dans le Japon d’une époque révolue, où le surnaturel guette toujours l’opportunité de se manifester.

Ce surnaturel englobe la majeure partie de ce qui est qualifié d’horreur, bien que personnellement, nous considérions que cela s’apparente davantage à l’ero guro, un sous-genre mêlant érotisme et macabre grotesque. Ce style s’installe progressivement, déformant la réalité sans précipiter le lecteur dans les abîmes de la terreur, à la manière de Junji Ito, mais plutôt en le laissant délibérément à la frontière de deux mondes.

Sur le plan graphique, l’œuvre arbore le design caractéristique des années 70. La finition est soignée, les trames de fond sont nombreuses, et le travail sur le design crée un contraste marqué. Malgré la présence récurrente de scènes érotiques, l’œuvre évite toute vulgarité ou caricature, se contentant de présenter les choses telles qu’elles sont. La réalisation rappelle d’ailleurs les films de samouraï des décennies précédentes, tels que « Samurai Wolf » (1966) ou « Satan’s Sword » (1960).

L’édition de Kana propose quelques pages en couleur au début et au milieu de chaque histoire, d’une qualité remarquable. La plupart des illustrations sont également colorées, et la couverture cartonnée témoigne d’un soin particulier. Bien que l’édition comporte quelques rares coquilles, elles demeurent marginales.

Ce titre s’adresse en premier lieu à un public mature, compte tenu de son contenu où le sexe joue un rôle non négligeable. De plus, il conviendra à une catégorie de lecteurs amateurs d’horreur, mais recherchant une ambiance subtile, froide et directe, sans pour autant sombrer dans les ténèbres. Si l’horreur traditionnelle est un cauchemar, ce titre est plutôt un rêve lucide.

Enfin, cette œuvre écrite il y a près de 50 ans évoque un Japon ancestral, ce qui nécessite quelques connaissances préalables de la culture japonaise traditionnelle pour mieux appréhender l’histoire.

Le manga Treize Nuits de Vengeance (tome 1), est disponible dès maintenant dans toutes les bonnes librairies au prix de 18.50€

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